Les Ailes de Mars

 

En 2008 le musée des Beaux-Arts de Nice a décidé de rapprocher dynamiquement les beaux-arts de la vie quotidienne et d'inviter notamment l'art contemporain à revisiter les œuvres de sa collection.

C'est dans le cadre de la programmation : « Regards contemporains sur la collection » et de l'occasion "Mars au musée : Autrement" que Véronique Bigo, développe pour un second volet la thématique de l’aile et du glaive représentés dans plusieurs tableaux du musée.

 
 

Les ailes de Mars

Regards contemporains sur la collection, parcours “Les Ailes de Mars”, Musée des Beaux-Arts de Nice - 1er au 31 mars 2009

Laissez-vous gagner par les jeux des formes et des couleurs. Vous êtes dans un parcours de la sensualité. Jamais objectives, les balises que Véronique Bigo dissémine dans le musée sont autant de flèches révélatrices du sensible. Efficaces par la sûreté de leur tracé, irritantes par leurs encadrements et leurs jeux de bandes aux couleurs acidulées, elles interrogent des tableaux des collections permanentes ou, plus exactement, elles vous interrogent sur les variations de la peinture. Elles en soulignent sa nature, une matière faite de couleurs et de formes dont le sens est avant tout déterminé par les émotions et les sentiments qu'elle génère. C'est de cette manière que l'art est continuellement réinventé, non seulement par ceux qui le font, mais aussi par ceux qui le goûtent: Par une pratique récurrente de l'emprunt, le travail de Véronique Bigo souligne la mouvance de la perception que nous avons du réel, pour tout dire, son instabilité.

Les ailes, griffes ou casques qu'elle reprend par son jeu de reflets déformés ou de fausses citations, montrent comment la subjectivité de la représentation est liée à une perception circonstanciée du réel, tant de la part de l'artiste que du spectateur, ce qu'aucune science humaine ne saurait rendre. En tant que spectateur, votre perception du retable de Sainte Marguerite n'a que très peu de points communs avec celle qu'en avaient les personnes qui ont assisté à sa réalisation, au XVe siècle, et pourtant, la transcendance de cette œuvre demeure, toujours portée par la même composition chromatique et figurative. Votre empathie avec l'œuvre, qu'elle soit moderne ou ancienne, alimente le mouvement de l'art.

L'itinéraire de Bigo

Enfin, visiteur, n'ignorez pas une règle impérative du jeu auquel Véronique Bigo vous convie: en dehors de toute raison académique vous serez injuste, vous serez sectaire, car vous ne regarderez que les tableaux avec lesquels Véronique Bigo a engagé une conversation. Une fois de plus, dans son travail, l'ensemble de l'œuvre dépasse la somme de ses éléments. Le parcours qu'elle a dessiné constitue en lui-même une création artistique. Il forme un tout cohérent et éphémère dont les éléments résonnent entre eux pour générer, le temps d'une exposition, leur propre aura. Alors, laissez-vous envahir par cette installation.

 
 

Brice d'Antras critique d'art et de design, Paris, février 2009

Textes extraits du flyer « Regards contemporain sur la collection 2009 », Musée des Beaux-Arts de Nice.

Crédit photo : JC LETT