Véronique Bigo raconte Marie Bashkirtseff

 

En 2008 le musée des Beaux-Arts de Nice a décidé de rapprocher dynamiquement les beaux-arts de la vie quotidienne et d'inviter notamment l'art contemporain à revisiter les œuvres de sa collection.

C'est dans le cadre de la programmation : « Regards contemporains sur la collection » et de l'exposition "Hommage à Marie Bashkirtseff, Invitation au musée" que Véronique Bigo, peintre, s'installe au musée pour rendre hommage à la jeune artiste par le biais de ses objets les plus personnels.

 
 

Véronique Bigo raconte Marie Bashkirtseff

Regards contemporains sur la collection, parcours “Véronique raconte Marie Bashkirtseff”, Musée des Beaux-Arts de Nice - 12 novembre 2008 au 11 janvier 2009

Dans ce premier Parcours à travers le Musée des Beaux-Arts de Nice, Véronique Bigo invente un dialogue d'artistes à travers les siècles entre elle et Marie Bashkirtseff (1858-1884), peintre, écrivain et avant tout héroïne exaltée de son bref destin. Comment ne pas être saisi par cette femme russe du XIX siècle, qui connaissait mieux la France que son pays d'origine, qui cherchait la gloire pour être sûre d'exister et pour laquelle tout ce qui n'était pas excessif n'était qu'insignifiance ?

Bigo, fidèle à son trait à la fois interrogatif et analytique, fixe sur des toiles de grand format, quatre objets ayant appartenu à Marie Bashkirtseff: son journal, son bracelet, un sac à main, sa chaussure. Ils exposent, plus qu'ils ne racontent, la femme artiste, la femme féminine et la femme vagabonde qui poursuivait ses passions de Moscou à Naples, d'Athènes à Paris et Nice où elle vécut sept ans. Comme radiographiés, quasiment dépouillés de leur matière, leur transparence impose l'angoissante présence de la toile de lin tendue qui, avec une exaspérante indifférence, attend de l'artiste qu'il transforme de la matière picturale en matière artistique. Le dialogue entre ces deux femmes, débute ainsi, par cette intense interrogation du lin. Bigo aurait elle ainsi réussi à dompter la fougue débordante et trépignante de Marie ? À nos yeux oui !

Elle peut maintenant entamer une discussion pétillante, charmante et, parfois, même insolente dans une succession de dessins aux dimensions plus intimes. […]

Dans cette série de dessins, Véronique Bigo poursuit sa redécouverte des teintes colorées qu'elle rend plus lumineuses par l'utilisation de fonds noirs. Cette élégante allusion à la luxuriance russe lui permet d'aborder dans son œuvre le répertoire de la séduction, traitée ici comme un hommage rendu à l'intelligence des sens.

 
 

Brice d'Antras critique d'art et de design, Paris, 2008

Textes extraits du flyer « Regards contemporain sur la collection 2008-2009 », Musée des Beaux-Arts de Nice.

Crédit photo : JC LETT